Histoire - Culture maillots
UMBRO On était à Londres pour fêter les 100 ans d’Umbro
On était à Londres où la marque britannique organise une exposition qui retrace ses 100 ans d'existence.
Un hangar industriel, de la techno à fond, et des maillots mythiques : Umbro fêtait cette semaine ses 100 ans à Londres, dans une ambiance qui n’était pas sans rappeler les plus belles heures de la scène house de Manchester, où est née la marque en 1924.
Le rendez-vous était donné ce mercredi soir à l’Ambika P3, face à la station de métro Baker Street, à quelques pas seulement de la célèbre maison de Sherlock Holmes. En descendant les quelques marches en ferraille accolées l’université de Westminster, on se retrouve dans un immense hangar industriel reconverti en espace d’exposition par l’université. À peine arrivé, le ton est donné d’entrée de jeu. Le DJ placé en hauteur fait cracher à ses deux énormes enceintes des classiques house et l’ambiance n’est pas sans rappeler les plus belles heures de l’Hacienda, le mythique club des années 1990 à Manchester, berceau de la marque au double diamant.
Les designs des maillots iconiques des années 1990 sont encore pertinents aujourd’hui
L’influence nineties se retrouve d’ailleurs dans la foule, qui réunit plusieurs centaines de Londoniens venus admirer les pièces de l’exposition Umbro 100 Fashion X Football. Quand certains portent un maillot du Brésil 1994 revisité floqué du 11 de Romario issu de la dernière collection capsule réalisée avec la marque coréenne Over The Pitch, d’autres s’affichent avec le maillot « Sharp » du triplé de Manchester United en 1999. « Il y a une connexion évidente avec la scène clubbing du Manchester des années 1990, » nous éclaire Andrew Groves, professeur de design de mode à l’université de Westminster et curateur de l’exposition. « C’est un moment déterminant de l’histoire de la marque, puisque les gens de Manchester ont commencé à détourner les codes du sportswear pour porter les pièces qui étaient auparavant dédiées au sport dans la vie de tous les jours. Et la marque l’a très bien compris. »
Accrochés au mur, on aperçoit ainsi une flopée de maillots des années 1990 devenus légendaires aujourd’hui, à commencer par le domicile de Manchester City 1993-94, et son sponsor Brother, rendu mythique par les frères Gallagher lors d’un shooting photo réalisé par Kevin Cummins en 1994. Côté Manchester United, on a choisi d’exposer le maillot gris de la saison 1995-96. Un maillot devenu historique suite à un pétage de plombs de Sir Alex Ferguson. Lors d’un déplacement à Southampton en avril 1996, Ryan Giggs et ses coéquipiers rentrent au vestiaire menés 3-0. Le manager écossais accuse le maillot gris de ce mauvais résultat, déclare que les joueurs n’arrivent pas à se voir sur le terrain, et les force à changer de maillot à la mi-temps, une première dans l’histoire de la Premier League.
La marque a même fait une collection avec Matt Busby, l’entraîneur de Manchester United, dans les années 1950
Alors que la fête bat son plein sur le dancefloor, notre regard est attiré par le superbe maillot extérieur porté par l’Angleterre lors de la coupe du monde 1990. « Ce maillot est mythique pour les Anglais, » nous explique Danielle Sprecher, qui a collaboré avec Andrew Groves pendant 5 ans pour concevoir l’exposition et rassembler des centaines de pièces. « Encore cette semaine, Russ Cook, qui est devenu le premier homme à traverser l’Afrique du sud au nord en courant, portait une réédition de ce maillot en franchissant la ligne d’arrivée. »
En dessous de la pièce originale se trouve ainsi une réédition réalisée en collaboration avec Palace, la marque de skateboard londonienne. « Les designs des maillots iconiques des années 1990 sont encore pertinents aujourd’hui et on voit de nombreux créateurs de mode s’en inspirer pour leurs créations aujourd’hui, » explique Anthony Little, le directeur général de la marque. Au mur, le nombre de pièces réalisées en collaboration est impressionnant. Un ballon en cuir réalisé avec Supreme côtoie ainsi une paire de baskets Coach dessinée par Virgil Abloh, le regretté fondateur d’Off-White. « Durant nos recherches, on vraiment été surpris par le nombre de créateurs qui ont travaillé en collaboration avec la marque. Chaque semaine, on découvrait de nouvelles choses. La marque a même fait une collection avec Matt Busby, l’entraîneur de Manchester United, dans les années 1950, » raconte Sprecher.
Alors que le DJ monte le son et que la queue se fait plus pressante au bar, les invités trinquent aux cents prochaines années de la marque au double diamant. « Nous, on ne sera plus là pour le voir, mais j’espère que dans 100 ans, Umbro aura continué à se renouveler pour avoir le même impact sur la culture foot que lors des cent dernières années, » annonce Anthony Little. On se dit rendez-vous dans cent ans ?