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Que ce soit à Dortmund, ailleurs dans la Ruhr ou dans tout le reste de l’Allemagne, impossible de les manquer avant chaque match : eux, ce sont les Kutten. On les reconnait immédiatement à leur veste en jean sans manche, la Kutte, inspirée par le style des bikers. Il s’agit, plus exactement, d’un blouson en denim qu’ils pimpent à grand renfort de patchs aux couleurs de leur équipe.
Une Kutte, c’est un objet unique par définition, entièrement décoré par son propriétaire qui peut y ajouter les écussons de clubs avec lesquels il entretient une amitié ou, au contraire, des vignettes censées décrédibiliser ses rivaux. Pas toujours en finesse, il n’est en effet pas rare de croiser ça et là l’un ou l’autre terme sexiste ou homophobe mais bon, « c’est du folklore » vous répondra-t-on !
Quoiqu’il en soit, une chose est sûre : une Kutte se garde à vie. Impossible de la racheter à son propriétaire, tout au plus peut-on espérer hériter de celle du daron, tant que l’objet doit impérativement rester dans le cadre familial.
On l’oublierait presque, mais les Kutten sont les ancêtres des ultras. Lorsque les virages se développent au sein des stades allemands dans les années 1970, ils sont les premiers à s’y regrouper (parfois un peu – beaucoup – alcoolisés) pour y entonner des chants à la gloire de leur équipes et des insultes à l’égard de l’adversaire.
Avec leur veste reconnaissable entre mille et à grands renforts d’écharpes, leur autre attribut de prédilection, ils proposent une animation visuelle encore jamais vue dans les stades. Mais petit à petit, les Kutten finissent par perdre en influence. En premier lieu chez les ultras qui les voient comme des vieux ringards et, de toute façon, préfèrent arborer du matos plus discret et proposer des animations plus conséquentes, à commencer par les fameux tifos qui peuvent demander jusqu’à plusieurs mois de préparation.
Résultat, à la fin du XXe siècle, les Kutten ont été complètement remplacés au sein des virages. Il n’empêche qu’ils n’ont jamais vraiment disparu, restent parfois unis sous la forme de fan-clubs et se retrouvent même parfois pour des conventions annuelles où chacun peut admirer les patchs des copains – ou des rivaux !
Dans les tribunes allemandes, ils comptent comme une sous-culture à part entière, au même titre que les ultras et les hooligans. Aujourd’hui, ceux que l’on appelle les mastres en France incarnent un peu ce foot à l’ancienne, celui d’un autre temps, plus simple, plus populaire, plus accessible, plus libre et moins moderne.
Autant de valeurs que défendent les ultras bec et ongles week-end après week-end. Alors, à quand le crossover ?