Mode et tendance
Moustache Football Club La grande histoire de la moustache dans le football
La moustache a souvent été un attribut pileux très visuel qui a immortalisé certains cracks du football.
La moustache a souvent été un attribut pileux très visuel qui a immortalisé certains cracks tels Rivelino, Panenka ou Gullit. Même si elles n’ont pas totalement disparu aujourd’hui en se conjuguant aux barbichettes, les belles ou terrifiantes bacchantes ont écrit les grandes et les petites du football…
« C’était un pari qu’on s’était lancé entre nous. Tant qu’on était en course en Coupe de France, on gardait la barbe et la moustache. En 1979, ça nous a réussi jusqu’à la finale. On s’est tous rasés dans le vestiaire du Parc des Princes », racontait l’ex-Nantais Bruno Baronchelli pour 20 Minutes, en 2016. Pari ou superstition ? Un peu des deux.
Car c’est après trois échecs en finale de Coupe de France que le FC Nantes s’était enfin imposé, avec, en effet, ses joueurs moustachus et/ou barbus, en 1979 contre Auxerre (4-1 a.p). En 1983, les Canaris champions de France avaient remis ça en finale de la même compétition contre le PSG. Mais les « Barbus de Lu » (et moustachus) s’étaient inclinés 3-2.
Même punition en 1993 pour les Loko-Ouédec-Pedros, à nouveau barbus/moustachus et battus en finale 3-0 contre le PSG ! En France, ce curieux rituel en Coupe de France s’était institué avec le grand OM qui vit les Marseillais moustachus au complet remporter l’édition 1969 puis celle de 1972, mais que pour certains d’entre eux (Georges Carnus). En 1984, ce furent les Messins à moustaches (aaaah, Kurbos !) et barbes qui remportèrent eux aussi la Coupe Charles-Simon.
Le rituel de la moustache n’offre donc pas la garantie absolue de gagner un titre. Il entretient plutôt un esprit collectif de défi et reflète le caractère superstitieux bien connu des footballeurs. Mais ces rituels traduisent surtout le côté exceptionnel du port de la moustache, moins présente dans le monde actuel en général et dans le foot en particulier.
D’ailleurs, après 69 ans de Ballon d’Or, seuls deux lauréats à bacchantes l’ont remporté : Ruud Gullit (1987) et Georges Weah (1995) ! Cette pileuse attitude a cependant varié selon les modes et les époques. Flashback…
Au début du 20ème siècle, la moustache était reine dans la société comme sur les terrains, notamment celles en guidon de vélo ou en petit carré chaplinesque. Progressivement, elle s’est faite plus rare jusqu’à son retour remarqué en «finale » de Coupe du monde 1950, avec une majorité des Brésiliens moustachus battus 2-1 sur un but décisif d’un autre moustachu, Alcides Gigghia.
L’Italien Sandro Mazzola se distinguera au cours des 60s plutôt marquées par les cheveux longs. Dans les années 70, la tendance résolument imberbe l’emporta avec toutefois une période rouflaquettes qui seyaient si bien à George Best et aux héros du grand Ajax (Johan Neeskens). Quelques belles moustaches fleurissaient, toutefois encore : la plus légendaire, peut-être (Rivelino), la plus gauloisement roublarde (Anton Panenka) ou la plus méchante (Raymond Domenech).
Avec la Pologne des Coupes du Monde 1974 et 1978, les Szarmach et Gadocha perpétuaient les blondes bacchantes slaves tandis que celles de l’Argentin Leopoldo Luque personnifiaient le côté macho-latino typique encore très en vogue en Amérique du Sud.
Les années 80 connurent un véritable Âge d’or, avec notamment le grand Liverpool qui, après Steve Heighway 1977-78, généra pas moins de cinq nouveaux moustachus légendaires : Terry Mc Dermott, Graeme Souness, Ian Rush, Alan Kennedy et l’inénarrable Bruce Grobbelaar !
La Coupe du monde 1982 offrit aussi un festival. À Séville, nos Bleus, titulaires ou remplaçants (Genghini, Zimako, Janvion, Castaneda, Lopez) se cassèrent les dents sur une Mannschaft alignant Stielike, Schumacher et surtout Paul Breitner. Pour 65 000 livres Sterling, l’avisé Paulo accepta pour une marque de cosmétique de raser sa célèbre barbe pour ne garder qu’une « stache » bismarckienne…
Au Mundial espagnol de 82, l’Italie championne du monde avait honorablement figuré avec les Oriali, Causio ou Gentile (parfois imberbe), mais c’est Giuseppe Bergomi qui fit sensation en finale contre la RFA (3-1). Âgé de 18 ans, sa moustache terrifiante de bandit sarde lui en faisait paraître 30 !
À l’instar de tous les défenseurs qui voulaient impressionner les attaquants adverses, comme le confessa Raymond Domenech, le bon Giuseppe s’était lui aussi affublé d’une barre pileuse menaçante sous le nez. Il y gagna même un surnom, Lo zio (« l’oncle », en italien). « Tarzan » était par contre le surnom d’un véritable boucher moustachu, Migueli, découpeur en chef de l’horrible Barça des eighties qui accueillit cependant le classieux Bernd Schuster à poils blonds au-dessus de la lèvre…
Le Mundial 82 présenta enfin d’autres beaux spécimens avec le Cameroun (Roger Milla, Thomas Nkono) ou l’Algérie (Ali Fergani, Djamel Zidane), selon des codes culturels communs au Maghreb et à l‘Afrique Noire, où la moustache exprime à la fois la virilité et l’état d’homme pleinement adulte, de « daron ». Après l’Euro 84 émaillé de bacchantes de vikings danois (Lauridsen, Nielsen) et des proverbiales portugaises (Bento, Chalana), c’est un véritable contingent qui essaima au sein des Oranje champions d’Europe 1988 avec les Rijkaard, Van Tiggelen, Van Aerle, Wouters et l’immense Gullit !
Le début de décennie suivante débuta au Mondial italien 1990 par un triste duel moustachu « Völler vs Rijkaard », tous deux moins classieux que Carlos Valderrama, et se poursuivit par l’exploit du Danois Kim Vilfort, auteur du but vainqueur à l’Euro 1992 contre l’Allemagne de l’infortuné Jürgen Kohler (2-0). L’OM devint enfin à jamais la première en 1993 à Munich grâce à ses trois mousquetaires Jocelyn Angloma, Abedi Pelé et Rudi Völler…
La fin des années 90 vit arriver le combo moustache-barbichette (Gabriel Batistuta, Roberto Baggio) qui s’est solidement maintenu jusqu’à aujourd’hui (Zlatan, Jules Koundé), avec des variantes : soit reliées entre elles par deux fines lignes de poils aux commissures des lèvres ou soit avec une pointe velue en triangle sur la fossette, façon Anonymous.
En marge de cette mode grandissante du combo moustache-barbiche, David Seaman fit encore de la résistance dans les années 2000. Une décennie qui généralisa aussi la fine barbe de six jours ou la barbouze hipster très fournie.
La hype métrosexuelle des visages parfaitement imberbes fut personnifiée jusqu’à aujourd’hui par Cristiano Ronaldo. Une attitude « sans poils » qui fit s’écrier récemment le bon Omar da Fonseca en direct sur beIN à l’encontre du gentil Frenkie de Jong : « Mais sois plus méchant, mon garçon ! Tu dois faire plus peur : laisse-toi pousser la moustache ! Fais-toi des tatouages ! »
Des joueurs du Newcastle FC mal parti en début de Premier League 2010-2011 lancèrent le Magpies Moustache Challenge consistant à se laisser pousser les bacchantes jusqu’à leur première victoire. Chose promise : Joey Barton rasa la sienne au soir du 6-0 infligé à Aston Villa le 22 août 2010.
À la Coupe du monde 2018, la magnifique moustache d’Adil Rami servit de porte-bonheur des Bleus, tels Kylian Mbappé et Antoine Griezmann qui la touchaient par superstition avant chaque match. Celle que le gardien Alisson arbora au Mondial 2022 avec le Brésil servit à promouvoir Movember, une campagne sanitaire de la prévention du cancer de la prostate.
Le Moustache Football Club a également accueilli des coachs emblématiques tels Artur Jorge, Vicente Del Bosque, Stanislav Tchertchessov (Russie 2018) et Guus Hiddink. Afin de bien respecter les codes culturels sud-coréens consistants à garder son visage imberbe, le bon Guus accepta de la raser.
Le mot de la fin pour les impayables supporters marseillais qui rebaptisèrent feue la Coupe de la Ligue « la Coupe à Moustache », en référence moqueuse à son ardent défenseur et alors président de la LFP, le célèbre moustachu Frédéric Thiriez…