Interview
MIASIN Fondateur de MIASIN, Alexan Djidjirian raconte son parcours
Entretien avec Alexan Djidjirian, dont les pulls inspirés de maillots de foot cartonnent.
Ses « KnitJerseys », des pulls inspirés de maillots de foot iconiques, cartonnent sur les réseaux sociaux. Lui, c’est Alexan Djidjirian, le fondateur de la marque MIASIN. Le créateur raconte son parcours, sa vision de la mode et son amour pour Manchester United.
Salut Alexan. Tu es le fondateur de la marque MIASIN. Peux-tu nous décrire en deux mots ce que tu fais ?
Deux mots, ça va être difficile (rires). Si on veut faire simple, MIASIN est une marque fondée en 2023, qui produit des tricots et des accessoires de mode inspirés du monde du football. C’est une célébration du sport via la mode, et à terme, j’aimerais que cela soit une plateforme pour l’expression créative, le partage d’idées et la célébration de la communauté, en utilisant le vêtement comme un langage universel qui unit les gens.
Raconte-nous un peu ton parcours.
J’ai grandi en région parisienne, j’ai eu un parcours assez classique, bac ES, et mes parents ayant une usine de couture à Clamart, j’ai toujours baigné dedans. Après mon bac, j’ai intégré l’Institut Supérieur des Arts Appliqué (LISAA), une école d’art et de design qui propose une formation mode. Entre temps, en 2004, mes parents sont partis s’installer en Bulgarie, où ils ont fondé une nouvelle usine de tricotage. Du coup, après avoir décroché mon diplôme, je les ai rejoints en Bulgarie, pour travailler directement à l’usine.
Tu es donc plus un modeux qu’un footeux ?
Pas vraiment, je vais y venir (rires). Avant d’intégrer LISAA, la mode ne m’intéressait pas vraiment. Mais petit à petit, au gré des rencontres et de mon apprentissage, j’ai commencé à vraiment apprécier. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai une grosse culture mode, j’essaye de suivre tout ce qui se fait, des nouvelles marques aux marques les plus réputées. Mais les défilés, les strass et les paillettes de ce milieu me dérangent un peu. Ayant une expérience dans le coté « production » de la mode, disons le coté « pas marrant » de la mode, je n’arrive pas à adorer à fond la Mode avec un M majuscule.
Et le foot dans tout ça ?
Mon premier souvenir remonte à la Coupe du monde 2002. 1998, aucun souvenir, j’étais trop petit. Et premier véritable coup de coeur pour ce sport, c’est Manchester United – Real Madrid en 2003, le 4-3, triplé de Ronaldo, doublé de Beckham. Depuis ce match dingue, j’ai développé une véritable adoration pour Manchester United et pour le football en général.
Raconte-nous ce qui t’a inspiré pour créer cette ligne de tricots basés sur des maillots de foot ?
Il y a plus d’un an, quand j’ai commencé les bases de ce qui allait devenir MIASIN, j’avais créé des mini-collections capsule sur différents thèmes. Le premier était sur un clip de Jennifer Lopez, le deuxième sur la Coupe du Monde 2002 et 2006, et le troisième sur le Cinquième Élément. Assez éclectique comme tu peux voir (rires). Avec mes deux assistants de l’époque, Jimin et Vincent, on a commencé à dessiner les collections et j’ai proposé qu’on réinterprète le fameux maillot ‘interdit’ du Cameroun par la FIFA lors du Mondial 2002. C’était l’idée qui m’excitait le plus, et donc dès septembre 2023, j’ai créé ce pull inspiré du maillot du Cameroun. Comme le rendu était cool, j’ai enchaîné avec un pull inspiré des maillots du Brésil 2002 et 2004. J’ai partagé ces knits sur les réseaux sociaux, et une personne m’a demandé de faire celui de Marseille. Je me suis dit que ça pouvait plaire, et j’ai ainsi eu l’idée de faire un « 30 days challenge » : 30 maillots réalisés en 30 jours.
Peux-tu nous parler du processus de fabrication de ces pulls ?
Il y a plusieurs étapes à suivre. Il faut d’abord choisir le club ou la nation, puis trouver un maillot iconique aux yeux de tous, ou un qui m’a personnellement marqué. Ensuite, je me renseigne sur son histoire, sur la façon dont le maillot a été conçu à l’époque. Puis débute le design sur l’ordinateur. Une fois le design réalisé, on met en route la production sur machine.
Comment choisis-tu les maillots que tu vas transformer en pulls ?
Ce sont surtout des maillots qui m’ont marqué. Si je prends mon premier souvenir football, je fais la Corée du Sud 2002. Si je pense à Jay-Jay Okocha, je fais le PSG 2000. Mais surtout, je n’hésite pas à proposer aux gens sur les réseaux quels maillot ils veulent, et du coup je me retrouve à faire France 98, le Maroc 2022, United 92…
Les pulls que tu créés sont-ils une réplique exacte des maillots de foot ou y a-t-il des ajustements spécifiques pour les adapter au style du pull ?
Ça m’arrive de faire des maillots très premier degré, comme le « Saint-Germain Home » où je reprends l’idée du design Hechter. Mais sinon, en général, j’essaye de m’éloigner le plus possible tout en gardant l’idée, comme les couleurs du club, un numéro légendaire, ou bien un sponsor mythique. J’aime que les gens reconnaissent le maillot au premier coup d’oeil, mais qu’en même temps, le rendu final soit assez éloigné de l’original.
Quels matériaux et tissus utilises-tu ?
Principalement du 50% laine, 50% acrylique, mais j’aime bien rajouter une touche de brillance, donc il y a certains KnitJerseys où j’utilise du polyester métallisé pour donner ce coté brillant, comme celui du « Saint-Germain Away ». Et aussi, un peu de mohair, comme sur le « Fly Miasin » ou le « Spider Madrid ».
Tu considères que ces pièces représentent une forme d’expression culturelle ?
Complètement. L’interaction entre la mode et la culture du football dans mes KnitJerseys va au-delà de la simple idée de supporter une équipe. Il s’agit de fusionner l’énergie et l’esthétique du football avec la sophistication de la mode, créant ainsi des pièces qui peuvent être portées par tous, pas seulement par les fans de football. Avec mes pulls, j’essaye de transcender la notion traditionnelle de merchandising sportif. En réinterprétant les maillots de football en tricot, j’essaie de créer des pièces de mode qui sont à la fois stylées et accessibles, indépendamment de la connaissance ou de l’intérêt pour le football. L’idée est de capturer l’essence vibrante du football et de la transformer en quelque chose de nouveau et de différent, quelque chose qui résonne dans le monde de la mode contemporaine. Pour moi, ces pulls fusionnent vraiment les deux mondes, sport et mode, de manière à créer des pièces uniques qui attirent aussi bien les passionnés de mode que les fans de foot. C’est cette universalité et cette polyvalence que je veux créer avec MIASIN.
Les retours sont les réseaux sociaux sont bons ?
Carrément ! J’ai reçu énormément de retours positifs, les gens sont très enthousiastes. Les fans de foot apprécient la manière dont nos pulls rendent hommage à leur équipe et joueurs préférés, d’une manière nouvelle et originale. Ils voient ces pièces comme une extension de leur amour pour leur club, mais dans un style plus raffiné et adapté à la vie quotidienne.
Et du côté des modeux ?
Du côté des passionnés de mode, je dirais que l’attrait réside dans l’unicité et la qualité artistique des pulls. Ils apprécient la fusion de l’art, de la culture, et du sport dans une seule pièce de vêtement. Cela parle à leur désir de porter quelque chose qui est à la fois tendance et significatif, quelque chose qui raconte une histoire. Comme, notamment, celui du troisième maillot du Real Madrid 2015, qui été créé par Yohji Yamamoto, que j’ai interprété en lui donner une forme déstructurée que Yamamoto à l’habitude de faire, tout en gardant des éléments classique d’un maillot comme le numéro et le sponsor. Ce qui est particulièrement gratifiant, c’est de voir comment ces deux groupes, les amateurs de foot et les modeux, qui peuvent parfois sembler éloignés, trouvent un terrain d’entente à travers ces KnitJerseys.
Envisages-tu d’explorer d’autres éléments de l’univers du football pour tes créations de vêtements, en dehors des maillots ? J’ai proposé un nouveau concept d’accessoires, la « chalaclava » un mix en un châle et une balaclava. Je ne m’arrête pas aux maillots ! Echarpes, bonnets, sacs… Tout y passe. Lancer une ligne de crampons en tricot, et pourquoi pas ? (Rires)
Et des collabs avec des clubs, ça te botterait ?
MIASIN signifie ‘ensemble’ en arménien. Donc évidemment, les collaborations sont au cœur de ce que je fais, elles apportent une nouvelle dimension à mes créations et permettent de fusionner des univers différents. Un exemple récent et réussi de cette approche est ma collaboration avec le Grenoble Foot 38. Cette expérience a été fantastique, et le succès a été immédiat : la collection s’est vendue le temps du derby des Alpes contre FC Annecy ! Cela montre l’énorme potentiel et l’intérêt pour des collaborations créatives et significatives dans le domaine du football. À l’avenir, j’aimerai poursuivre sur cette voie, en explorant des partenariats avec d’autres clubs et des personnalités influentes du monde du football. L’objectif est de créer des pièces qui ne sont pas seulement esthétiquement belles, mais qui racontent aussi une histoire, qui célèbrent l’esprit d’équipe et la passion commune pour le sport et la mode. Et si Manchester United passe par là, je suis évidemment disponible (rires).