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MISTER V Mister V : Je suis un bandeur des maillots de MLS !
Le YouTubeur nous parle de sa passion pour les maillots de foot.
L'arrivée de La Pizza Delamama comme sponsor du nouveau maillot du Grenoble Foot 38 fait le buzz depuis quelque jours. On a pu parler avec le créateur de la marque, Mister V, de son amour pour les maillots en général en marge de la présentation de cette collaboration au Stade des Alpes.
En tant que Grenoblois d’origine, ça doit être une immense fierté pour toi de sponsoriser le GF38.
J’essaie de venir à Grenoble le plus souvent possible pour retrouver ma famille. Je viens de Veurey-Voroise et mes racines sont toujours bien ancrées ici. Sur les réseaux, on peut souvent voir ma grand-mère par exemple. J’ai un lien qui restera toujours intact quoi qu’il en soit. Concernant le GF38, j’ai acheté mon pass Prime Vidéo pour suivre la Ligue 2 autant que je peux. Je mentirais si je disais que je regarde tous les matchs car mon emploi du temps ne me permet pas d’être toujours opérationnel. Cela dit, j’attends cette remontée en Ligue 1 avec impatience ! Et si avoir une manche décorée par Pizza Delamama peut donner de la force au club, c’est tout ce qui compte pour moi. J’ai toujours eu un lien fort avec Grenoble, une ville encerclée par les montagnes et un peu paumée à première vue, mais qui a su faire peur aux grands et saura le répéter. J’aime cette histoire, et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai fait cette collaboration. Je souhaite mettre en lumière ma ville et mon club. Ce n’est pas un club bling-bling, il reste familial et humble.
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Comment le partenariat avec le GF38 s’est-il mis en place ?
Au départ, ça part d’un appel pour une proposition de collaboration avec Universal. En Allemagne, ils avaient déjà fait ce type de partenariat avec le rappeur Capital Bra. En France, ils recherchaient un profil capable de représenter le milieu de la musique mais aussi un panel plus large. Et il s’avère que j’étais leur premier choix ! De mon côté, je souhaitais aussi me développer en dehors de l’artistique. J’aime toucher à tout, cela s’est déjà vu par le passé. L’entreprenariat, en tant que fan des States et du modèle américain, ça m’a toujours parlé. Je voulais être dans la continuité de ce que je fais sans pour autant oublier l’artistique. Honnêtement, on ne pensait pas que la collab’ serait aussi longue, c’est une belle surprise. On ne sait pas jusqu’où cela ira, mais ça part très bien. Concernant le partenariat, cela s’est fait naturellement. En tant qu’enfant du pays, ma démarche était vraiment sincère. Je suis toujours content de venir voir les matchs quand je rentre à Grenoble, et à force de parler autour du match, on parle aussi de nos vies professionnelles. Avec Universal, nous avions envie d’aller plus loin que de vendre des pizzas dans des supermarchés. On s’est dit que ce serait cool de faire vivre la marque autrement en l’associant à un projet sportif. Dès que l’idée m’est venue de commencer à sponsoriser des équipes, j’ai pensé au Grenoble Foot 38.
Toi-même, tu le portes beaucoup ce maillot ?
C’est une grosse fierté ! Je vais tout faire avec. Je l’ai déjà porté en studio pour bosser sur mon troisième album. D’ailleurs, j’avais pris quelques photos avec des gens, puis je leur expliquais qu’il ne fallait pas la poster tout de suite parce que l’annonce n’était pas encore officielle. Je reçois beaucoup de demandes pour obtenir ce maillot. J’ai l’impression que du point de vue des commandes en interne, c’est le même retour pour le GF. J’ai vu des médias qui ne parlent jamais de foot ou de Grenoble se mettre à évoquer ce maillot. C’est d’autant plus gratifiant pour moi. Maintenant, j’attends de voir le maillot extérieur et, qui sait, peut-être un troisième maillot.
Si Thierry Henry avait joué à l’époque actuelle, il aurait sans doute mis un bandeau comme Depay
Parlons de ton ascension médiatique. En 2011, tu fais ta première apparition TV dans Téléfoot. Tu remixais des chansons de supporters façon R’n’B avec vocodeur…
(Il coupe.) Bien sûr, Jean-Michel Pokora ! C’était ma première vidéo qui avait un peu pété sur le net. Je me souviens qu’à l’époque, je n’avais pas eu l’autorisation d’aller dans le Stade des Alpes, donc j’avais tourné juste à l’extérieur. Il y a eu du chemin de fait depuis ce temps-là !
Mais tu kiffais déjà le foot ou c’était juste pour de la déconne ?
J’étais fan de foot ! Entre mes 5 et 8 ans, je jouais en poussins dans le club de Noyarey, j’étais même surclassé. Crois-moi que c’était la classe à l’époque ! Je jouais défenseur droit, une sorte de mélange entre Jules Koundé et le gabarit de Kyle Walker… Bref, c’était sur les terrains stabilisés qui t’éclatent les genoux quand tu fais un tacle. Pour l’anecdote, c’est à cette période que j’ai appris la signification de l’expression « fils de pute ». À la fin d’un match contre Les 4 Montagnes, un club basé à Autrans, je sers la main de mon adversaire en lui disant : « Bien joué, fils de pute ! ». À la base, je voulais faire une blague mais ça n’a pas du tout marché ! Donc je me suis retrouvé à insulter la mère d’un gars sans savoir ce que je disais, et j’ai terminé en chialant car le coach adverse m’avait engueulé. Mais sinon, j’allais aussi au Stade Lesdiguières quand j’étais petit ! Je me souviens d’une victoire 2-1 contre le Sochaux de Benoît Pedretti en coupe de France… Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, quand je vois Olivier Monterrubio (responsable de la cellule recrutement du GF38, ndlr), ça me fait kiffer parce que c’est toute mon enfance. Vahirua, Da Rocha, Djemba-Djemba… Une grande époque du FC Nantes. Tout cela m’encourage à me dire que j’arrive avec crédibilité dans le monde du foot.
Dans le clip de Jean-Michel Pokora, on te voit notamment avec le maillot extérieur du PSG saison 1999-2000 avec le sponsor Opel. Pourquoi ce choix ?
C’était un maillot officiel que tu pouvais acheter en boutique. En fait, je suis fan du PSG depuis l’époque des Eric Rabesandratana, Paulo César, Grégory Paisley, Ali Benarbia, Talal El-Karkouri… Finalement, c’était le PSG que peu de gens aimaient. Je n’ai jamais supporté l’Olympique Lyonnais ou l’Olympique de Marseille qui étaient pourtant les plus soutenus dans les années 2010. Et tu sais pourquoi je kiffais le PSG ? Pour le design de leur maillot bleu et rouge. Ça m’avait marqué. Bon, en l’occurrence, c’est le maillot extérieur dans le clip. Après, je ne sais pas si celui-ci appartenait à mon grand frère ou à moi. Si je dis que c’était à moi, il va m’engueuler c’est sûr… même si je pense qu’il est à moi ! Mais si mon frère revendique l’appartenance de ce maillot, je ne lui en voudrais pas. De toute façon, ce maillot est devenu trop petit, j’ai pris des pecs. Maintenant, ça reste l’un des gros maillots mythiques du PSG donc je le garde précieusement.
Camavinga m’a envoyé son maillot signé du Real, mais je ne suis pas allé le chercher…
Après avoir percé comme YouTubeur, tu t’es diversifié en te lançant dans le rap. Tu portes régulièrement des maillots de foot comme celui de l’Olympiakos dans le clip de Gville. Comment tu les choisis ?
Les maillots que je place dans les clips, il faut toujours que ce soit des modèles qu’on ne voit pas. Dans Apollo 13 par exemple, j’ai le maillot de la Slovaquie. Qui va porter ça ? Personne en France, à part un Slovaque. L’idée, c’est que je sais que ma parole de fan de foot ne sera jamais prise au sérieux, donc autant aller vers des pays ou des championnats que les gens ne valorisent pas forcément. C’est un de mes plaisirs d’aller vers ce que les gens ne connaissent pas plutôt que d’entrer dans un débat interminable sur qui est le plus fort entre Messi et CR7 où, finalement, je ne suis pas légitime pour juger. Après, évidemment que je mets aussi le maillot parce que je le trouve beau, mais j’aime représenter des communautés qui ne se sentent pas forcément mises en avant. Et comme je supporte un club de seconde zone, j’ai toujours un attrait pour ce qui brille moins. Je suis un habitué de la onzième place.
Plus largement, tu es du genre à collectionner des maillots de foot ?
Je suis un fou de maillots, notamment ceux de la MLS qui sont dans le même template. Je suis un bandeur des States, on peut le dire ! Récemment, j’étais à Los Angeles où Denis Bouanga m’avait invité à un match, ils m’ont filé toute la panoplie LAFC. Quand tu accumules tout, tu te retrouves avec beaucoup de maillots chez toi, et souvent des clubs très aléatoires. Ça peut aller de l’Afrique du Sud avec les Kaizer Chiefs au Mexique avec les Chivas Guadalajara. Je peux craquer sur un maillot que je trouve méga beau en boutique, mais j’ai aussi plein de vieux maillots que j’avais quand j’étais petit avec des Arsenal JVC ou Dreamcast époque Bergkamp, du Figo au Real époque Teka, du Barça époque Dugarry. Personne ne va te parler de Dugarry au Barça, mais moi je le fais (rires) ! Mes références sont à l’ancienne parce que ça coïncide avec mon enfance au début des années 2000. Et pour être franc, j’ai connu une période où je me suis désintéressé du foot quand la France commençait à être claquée, un peu avant Knysna. À ce moment-là, je me suis penché à mort sur le basket et plus particulièrement la NBA.
Quelle est ta plus belle pièce ?
En dehors du maillot GF38 avec Pizza Delamama tu veux dire ? (Il réfléchit.) Il me faut quelque chose de mythique, d’historique… J’ai un maillot de l’équipe de France 1998, mais ce serait trop facile de te dire ça. Ah, je l’ai ! Un maillot domicile brodé de l’AC Milan avec Weah floqué dans le dos. J’avais fait le stage Planète Football à Lans-en-Vercors, et il y avait une photo où je faisais une retournée immonde. Je pourrais demander à mes parents de la retrouver. En tout cas, c’était encore le sponsor Opel. J’adore cette marque, j’ai collectionné tous les maillots Opel (rires) !
Si tu devais obtenir un seul maillot, ton Graal à toi, ce serait lequel et pourquoi ?
Gaizka Mendieta, Euro 2000. Non je suis un mytho, ça ce serait la réponse de Tortoz. On m’a offert un Shabani Nonda époque Fedcom il n’y a pas longtemps, j’étais heureux de l’acquisition. Pour l’anecdote, j’ai un maillot PSG de Mbappé signé par le joueur dans mon bureau, c’est une petite fierté. Camavinga m’a envoyé son maillot signé du Real, mais je ne suis pas allé le chercher. Tu vois les gars qui achètent des colis perdus à La Poste ? Eh bah y’a un type qui a dû récupérer le maillot de Camavinga signé… Bref, je suis débile ! En tout cas, je ne peux pas te donner un seul maillot, j’ai plusieurs rêves : un Zidane de la Juventus numéro 21, un Sonny Anderson à l’OL avec le logo Pathé et un Robert Malm au GF38, maillot bicolore Sodexho bien épais.
Comment est-ce que Mister V se sape quand il décide de mettre un maillot de foot ?
Ce que j’aime bien faire avec le maillot du GF, c’est T-shirt manche longues en-dessous du maillot, survêt blanc un peu ample en bas et Air Force One blanches. Et puis casquette bleue, pour toujours garder un petit rappel. Ça rend le tout un peu kain-ri et habillé. J’aime bien ce style vintage NBA.
Si avoir une manche décorée par Pizza Delamama peut donner de la force au GF38, c’est tout ce qui compte pour moi
À ce propos, qu’est-ce que les maillots de foot peuvent envier aux maillots de basket ?
Je tournerais plutôt la question dans le sens inverse. Les maillots de basket, si tu n’as pas des gros bras, ça n’envoie pas du rêve. Et puis tu peux aussi avoir des maillots manches longues en foot. Au fait, j’ai le maillot rouge d’un ancien gardien du PSG en manches longues. Nicolas Douchez, numéro 30… Mais pour revenir à la question, si tu ne mets pas un T-shirt en-dessous du maillot de basket, ça fait vite marcel. Le foot l’a fait aussi avec le maillot du Cameroun sans manche. Mais celui-là, faut l’assumer quand tu le mets parce qu’à l’époque des Rigobert Song, ça allait car ils étaient bien costauds (rires) ! Cela dit, il y a un truc où la NBA reste au-dessus, c’est sur la texture et la finition des maillots que je trouve particulièrement stylée. Aujourd’hui, les maillots de foot peuvent parfois être trop légers et fins. Mais si tu regardes dans le foot vintage, tu vois que c’est autre chose d’un point de vue textile, ça tient et ça ne s’arrache pas comme ça.
Des footballeurs comme Jules Koundé ou Kylian Mbappé s’inspirent beaucoup de la culture basket pour s’habiller. Pendant l’Euro, on voit Memphis Depay porter un bandeau typiquement utilisé par les basketteurs… Comment tu expliques cette filiation ?
Le bandeau de Depay, ça m’a fait kiffer ! J’attendais que quelqu’un le fasse. Déjà, tu peux constater par son prénom ou par son style de vie que le gars a été biberonné par l’Amérique. Il a grandi là-dedans. Mbappé est né en 1998, l’époque où c’était le prime de la NBA, tu voyais des gars comme Allen Iverson qui ont forcément joué un rôle de modèle chez eux. Si tu étais fan de basket dans les années 80, il fallait vraiment se lever la nuit pour voir Michael Jordan, suivre George Eddy halftime le mercredi, tu avais un tout petit encart dans Tout le Sport où ça ne parlait que rapidement des play-offs… Bref, le basket n’était pas autant médiatisé qu’aujourd’hui. Quand tu vois Griezmann, ça se voit qu’il suivait la NBA plus jeune. Nous avons un accès beaucoup plus direct avec les sports US. Il y a aussi des parallèles entre les marques : Lebron James et Kylian Mbappé ont fait une paire de chaussure en commun, la marque Jordan s’associe au PSG. Le basket prend de plus en plus de poids en Europe, et il ne faut pas oublier que les petits renois européens voient les renois kain-ri et ont envie de se développer de la même manière.
Et inversement ?
Tu vois de plus en plus de maillots de Mbappé à Los Angeles, de plus en plus de terrains de soccer au Canada… Il y a une connexion qui se fait naturellement par les réseaux sociaux et les continents. Et pour traîner un peu avec Koundé ou Tchouaméni, ils regardent le foot mais ils en font tellement qu’ils s’intéressent aussi à tout ce qu’il y a autour. Si Thierry Henry avait joué à l’époque actuelle, il aurait sans doute mis un bandeau. Mais avant, tu avais aussi moins de tresses ou de dreadlocks. C’est une question d’évolution de la société. Quand j’étais au lycée, j’étais le seul à mettre des baggies et à parler de basket. Tout le monde parlait de foot… Aujourd’hui, tout le monde parle de basket et connaît aussi bien Kevin Durant que Kylian Mbappé.
Biographie : qui est Mister V ?
Yvick Letexier, dit Mister V, est né le 14 août 1993 à Grenoble, en Isère. Ce self-made man cumule les casquettes de vidéaste, humouriste, entrepreneur, acteur et rappeur. Précurseur dans les vidéos humoristiques françaises sur YouTube, il compte aujourd’hui 6,35 millions d’abonnés sur sa chaîne, mais également 4,9 millions de followers sur son compte Instagram.
Dès 2008, Yvick réalise ses premières vidéos sur internet à travers son nom de scène : Mister V. Né d’un père fonctionnaire à la mairie de Grenoble et d’une mère informaticienne d’origine camerounaise, il obtient son baccalauréat en 2011. À cette époque, Yvick rencontre ses amis Tortoz, Juice et Samy Ceezy avec lesquels il formera, entres autres, le collectif MQEEBD (Ma Queue Elle Est Bien Dure).
Un an plus tard, Mister V crée le buzz avec sa vidéo Colonel Crado – Toutes les Nuits, une parodie du titre Toutes les nuits de Colonel Reyel. Il s’agit de sa première vidéo atteignant le million de vues. Âgé de 19 ans et sur les conseils de son agent, il décide d’emménager seul à Paris pour se consacrer réellement à ses projets professionnels.
En 2014, Mister V crée Le Woop avec six autres jeunes humoristes : Hugo Tout Seul, Youssoupha Diaby, Jérémie Dethelot, Mike Kenli, Hakim Jemili et Malcolm TotheWorld. Ce collectif d’humoristes publie ses vidéos sur YouTube et se produit sur scène, notamment au Bataclan en octobre 2015 et au Grand Rex en avril 2016.
C’est aussi en 2016 que Mister V fait ses premières apparitions cinématographiques dans les films Pattaya de Franck Gastambide et Camping 3 avec Franck Dubosc.
Le 19 mai 2017, Mister V produit son premier album de rap intitulé Double V. Il se compose de douze morceaux dont quatre en collaboration avec les rappeurs Hayce Lemsi, Volts Face mais aussi Tortoz, Juice et Samy Ceezy. En janvier 2020, c’est la sortie de son deuxième album, MVP (Most Valuable Panda, en hommage à sa légendaire Fiat Panda visible dans ses nombreux clips). Parmi les différents titres, Jamais, en featuring avec PLK, est certifié disque de diamant.
Lancée en février 2022 en partenariat avec l’agence créative d’Universal et A&R Studios, la gamme de pizzas Delamama a connu un franc succès sur les marchés d’Auchan et Carrefour. Seulement trois mois après son lancement, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros, de quoi lui offrir une place parmi les dix meilleurs lancements de produits de grande consommation de l’année 2022.