Histoire de maillots
EQUIPE DE FRANCE Le jour où la France a joué avec le maillot de l’OL
Quand des Stéphanois se retrouvent avec le maillot de l'OL à cause de la Hongrie...
Le 12 février 1969, suite à un imbroglio avec la fédération hongroise, l'équipe de France a dû disputer un match non-officiel avec le maillot de l'Olympique lyonnais. Et il y avait des Stéphanois l'équipe...
Officiellement, lors de l’année 1969, l’équipe de France a disputé cinq matchs : deux amicaux contre l’Angleterre et la Roumanie, et trois matchs de qualification au Mondial 70 contre la Norvège et la Suède (aller-retour).
Et pourtant, si l’on fouille dans les archives, on peut trouver la trace d’un sixième match. Celui-ci a été disputé le 12 février 1969, à Gerland, contre la Hongrie.
Pourquoi n’entre-t-il dans la liste des matchs officiels ? Tout simplement parce que la Fédération hongroise avait exigé que ce match ne soit pas considéré comme une rencontre internationale. Elle avait également demandé à ce que la moitié de l’équipe de France soit composée de joueurs espoirs… Des demandes d’autant plus aberrantes que la Hongrie, elle, se présentera avec son équipe-type…
Ce match peut donc servir de tremplin à de nombreux jeunes qui connaissent là leur première sélection en équipe de France, à l’instar de Dominique Baratelli, Jean-Paul Rostagni, Henri Michel, Jean-Michel Larqué, Jacques Novi, Jean-Claude Bras et Louis Floch. D’ailleurs, L’Equipe du 12 février 1969 titre : « Une Équipe de France ‘de l’espoir’ à Lyon. Face aux Hongrois, ce soir, à 20h30, enjeu pour nos jeunes : une place à Wembley le 12 mars ».
Dans l’article qui présente la rencontre, le quotidien assure que les Français joueront avec leur maillot blanc, tandis que les Hongrois seront en rouge.
Et pourtant, à quelques encablures du début de la rencontre, la délégation hongroise fait savoir qu’elle n’a ramené qu’un jeu de maillots blancs…
Les maillots bleus habituels n’ayant pas été ramenés, la France n’a pas d’autres choix que de trouver un maillot de rechange. Puisque le match se dispute à Gerland, l’Olympique lyonnais propose donc de prêter un jeu de maillots à l’équipe de France.
Et voilà donc comment, à 20h30, c’est une équipe de France parée des maillots rouges de l’OL qui débarque sur la pelouse de Gerland, devant 4250 curieux venus braver le froid glacial. C’est la seule fois de son histoire que la France aura donc un emblème avec un lion…
Seul le gardien, Dominique Baratelli (qui défend pour la première fois les cages équipe de France, trois ans avant sa première cape « officielle » !) a le droit de porter le maillot de gardien de l’équipe de France, jaune avec le coq.
L’ironie du destin, c’est qu’il n’y a aucun joueur de l’OL dans cette équipe. En effet, Jean Djorkaeff a quitté l’OL en 1966 pour l’OM, et le joueur du Red Star Jean Baeza ne rejoindra Lyon qu’à l’été 1969.
En revanche, il y a quatre Stéphanois dans cette équipe… En l’occurrence la star de Saint-Etienne, Hervé Revelli, mais aussi Bernard Bosquier, Georges Bereta et le tout jeune Jean-Michel Larqué, qui vit là sa première sélection (non-officielle, du coup) aura donc porté le maillot de Lyon avant de porter celui des Bleus… « Cela ne m’a pas marqué du tout, je n’en ai aucun souvenir » avait-il assuré au site Poteaux Carrés. Georges Bereta, lui, s’en souvient très bien : « On ne l’a pas trop mal pris, on a rigolé de jouer avec le maillot de Lyon. Mais c’était une période où on dominait vraiment les derbys. Des 6-1, des 7-0… »
Le match face à la Hongrie, lui, ne se soldera pas par un score fleuve, mais par un encourageant nul 2-2, Hervé Révelli et Louis Floch répondant à Florian Albert et Rakosi.
Il faut en effet restituer le contexte : les années 60 sont probablement les pires années du football français, tandis que la Hongrie a été quart de finaliste du Mondial en 1962 et 1966, 3e de l’Euro 64 et quart de finaliste de l’Euro 68. Et elle comptait dans ses rangs Florian Albert, Ballon d’Or 67 et irrésistible buteur de Ferencvaros. Il y a donc plusieurs niveaux d’écart entre les deux nations, et le fait d’accrocher un nul avec une équipe composée de jeunes est évidemment motif d’espoirs.
D’ailleurs, au lendemain du match, L’Equipe titre « Duguauguez entrevoit l’attaque de l’espoir : 2-2 devant les virtuoses de la Hongrie ». Louis Duguauguez entreverra surtout la porte de sortie puisqu’il sera viré trois semaines plus tard et remplacé par Georges Boulogne.
Il n’est pas arrivé souvent que l’équipe de France ne joue pas avec son vrai maillot. Mais étonnement, c’est arrivé deux fois face au même adversaire : la Hongrie. Il y a donc eu 1969 et ce match disputé avec le maillot de Lyon, et il y aura ensuite 1978.
Toujours face aux Hongrois, la France disputera un match de Coupe du monde avec un maillot vert et blanc emprunté au club du Kimberley FC, encore une fois parce que la Hongrie avait décidé de jouer en blanc et que la France n’avait pas de jeu de maillots de rechange.
Il ne faudra donc pas s’étonner si, lors d’une confrontation future entre la France et la Hongrie, les Bleus débarquent sur la pelouse avec le maillot de Venise…