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THIAGO MOTTA Le flow de Thiago Motta
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Comment le coach a su s'adapter vestimentairement au standing de la Juventus.
Il n’a mis que six ans depuis qu’il a raccroché en 2018 pour devenir coach de la grande Juventus. Un aboutissement express acquis par ses compétences professionnelles incontestées à Bologne et par le lissage physique et vestimentaire très stylé propres à séduire une Maison bianconera au prestige écorné.
« Elégant ». De 2012 à 2018, ce mot a escorté le long passage de Thiago Motta Santon Olivares au PSG, aux tout débuts de l’ère qatarie, sur les terrains de Ligue 1. Sans doute, peut-être, parce que son idole, le classieux Fernando Redondo, avait déteint sur son style racé d’aiguilleur du ciel parisien…
Du grand milieu argentin du Real des années 90, notre Italo-brésilien avait même adopté les cheveux longs lors de ses premières années en pro chez les Blaugrana (2001-2007).
Un des princes du Parc, aux côtés des Zlatan, Pastore, Cavani, sa haute stature (1m88), la tête levée et la vision panoramique au service d’un pied gauche velouté en avaient fait un leader de jeu naturel que complétait la malice ingénieuse du petit Verratti.
À Paris, Thiago avait instillé les petits gimmicks qui ont fait sa légende auprès des supporters : cheveux en brosse, barbu ou glabre et long maillot Fly Emirates floqué numéro 8 hors du short qui étirait sa silhouette déjà longiligne.
Et puis, bien sûr, ses impayables Mizuno à languette rabattue sur les lacets ! Une fidélité vintage à son sponsor-crampons japonais plutôt en vogue dans les années 90 et qui l’équipait depuis son envol au FC Barcelone…
Hors des terrains, même élégance lors des soirées VIP du PSG : sanglé dans des très seyants costards Hugo Boss, qui habillait le club parisien avant Dior, Thiago Motta promouvait aussi avec raffinement les prestigieuses montres Hublot, un accessoire de bon goût qu’il porte généralement au poignet gauche.
En somme, dans la Ville Lumière, notre homme a trimballé une touch of class très italienne. Qui doit en fait beaucoup à ses origines…
Né en 1982 à São Bernardo do Campo, dans la lointaine banlieue sud de São Paulo, dans une famille Motta originaire de Vénétie arrivée au Brésil dans les années 1920, le gamin footeux a été d’emblée supporter du Palmeiras, le club emblématique de la large communauté italienne de São Paulo. Hélas, la Sociedade Esportiva Palmeiras n’enrôla pas le grand Thiago aux talents multiples pourtant évidents.
Pas grave ! Il s’engage dans une autre équipe paulista fondée par des immigrants turinois : le Clube Atlético Juventus. « Juventus » ? Tiens, tiens… Son registre de milieu à tout (bien) faire l’expédie direct en Séleçao U17 où il se fait repérer par Lorenzo Serra Ferrer, alors responsable des équipes de jeunes du Barça. En 1998, il quitte donc son cher Brésil à 16 ans pour la célèbre Masia.
Le reste appartient à l’histoire : deux Ligues des champions avec le FC Barcelone (2006) et l’Inter (2010), deux Ligas espagnoles en Catalogne, un scudetto avec l’Inter lors du Triplé historique de 2010, ainsi que cinq titres de champion de L1 et quatre Coupes de France.
Malgré deux sélections en A pour la Séleçao, devenu binational italien, c’est avec la Nazionale qu’il se distinguera de 2011 à 2016. Il engrangera 30 capes, dont une finale d’Euro 2012 dramatique face à l’Espagne où il dût quitter le terrain en larmes, victime d’un claquage fatal pour les Azzurri (0-4).
Il raccroche en 2018 et grâce à un QI football très élevé et un intérêt marqué pour la tactique observés par la plupart de ses entraîneurs, il s’est très naturellement tourné vers la profession de coach à son tour.
Et il n’a pas tardé à blinder son cursus théorique ! Prenant en charge les moins de 19 ans du Paris Saint-Germain en juillet 2018, Thiago Motta a obtenu ses premiers diplômes d’entraîneur en septembre 2018. Parlant impeccablement quatre langues (portugais, français, espagnol et italien), le bonhomme est d’une rare intelligence articulée qui le prédispose dès lors aux grandes ambitions.
Problème : pour espérer coacher des grandes équipes, Motta doit « corriger » le côté sombre de tricheur-provocateur qui a si souvent contrebalancé sa fameuse « élégance » déployée balle au pied et dans les soirées de gala du PSG.
L’épisode malheureux du coup de boule de Brandão en août 2014 – où il avait été paradoxalement la victime – l’avait quelque peu figé dans la catégorie caractérielle des « joueurs à problèmes »…
Très certainement conscient des réticences qui pourraient à l’avenir refroidir des grands clubs désireux de l’engager, Thiago Motta va intelligemment lisser son image. Passée sa première saison remarquable à la tête des jeunes du PSG où il s’affublait simplement du survêtement-casquette du club, son parachutage en Serie A au Genoa, fin octobre 2019, va accompagner une métamorphose progressive de son image au pays de ses ancêtres…
Le court épisode génois (10 matchs en tout) d’un club quasi condamné d’avance à la Serie B est à l’image de l’urgence de sa mission : un banal survêtement qu’il trimballe jusqu’à son éviction en décembre.
Un mauvais départ qui l’écarte des bancs mais qu’il met à profit en décrochant la licence UEFA pro, plus haute qualification pour un entraîneur, en terminant major de sa promotion.
Lors de son unique saison 2021-2022 à la tête d’un Spezia Calcio mal en point(s), il affine sa silhouette encore un poil trop large à la taille dans des jean’s slim. Sans style perso, désormais glabre, son look se décline aussi de façon casual avec les pantalons de toile, de polos passe-partout ou chemises blanches froissées et chaussé de sneakers bicolores.
C’est à Bologne (2022-2024) que son flow va prendre tournure. Son ascension professionnelle suit l’épuration de son style vestimentaire et de son maintien corporel.
En quadra alerte chaussé de baskets blanches immaculées d’executive américain en mode weekend sport, il s’est aminci dans des survêtes, polos et coupe-vent bien ajustés qu’il troque parfois pour un complet sur mesure enfilé sur un col roulé très smart.
Sa saison 2023-2024, lors de laquelle il mène le club à sa première C1 depuis 1964, est celle de sa consécration dans l’élite du foot transalpin : outre une 5ème place remarquable en Serie A, Il Mister brille indirectement à l’Euro où figurent ses nombreux protégés : Freuler, Aebischer et Ndoye (Suisse), Posch (Autriche), la révélation Zirkzee (Pays-Bas) ou la sensation Calafiori (Italie).
En juin dernier, la Juventus l’appelle. Détail capital : à seulement 42 ans il succède à Massimiliano Allegri qui, non seulement n’a plus gagné le Scudetto depuis 2020 et pratique un jeu dégueu, mais qui, en mai, a terni l’image sacrée de la maison bianconera en jetant sa veste et sa cravate à terre à proximité du quatrième arbitre en hurlant comme un possédé lors de la finale de la Coppa Italia.
Message reçu 5 sur 5 : Thiago Motta a sobrement débarqué au Juventus Training Center de Vinovo de l’onorata Vecchia Signora avec la mission de restaurer son rang et son prestige.
Et ça marche ! Après des débuts mitigés et beaucoup de matchs nuls, la Juventus a su relancer la machine en février et pointe aujourd’hui à « seulement » huit points du leader, l’Inter. Cette Juve est pilotée par un Thiago Motta « présidentiel » : svelte comme jamais avant, rasé de frais, coupe en brosse permanentée et sourire Colgate.
La garde-robe sobre et stylée est raccord avec le sérieux de la maison : costards sombres cintrés, chemises blanches immaculées sur ventre plat même quand il fait froid, cravate, ceinturon en cuir souple à boucle, fines chaussettes noires dans des souliers vernis.
Montre électronique au poignet gauche et alliance de daron à l’annulaire, le charismatique allenatore s’astreint à une réserve qui sied aux grandes seigneuries, en n’étant jamais trop démonstratif pour saluer les buts bianconeri et en demeurant plutôt courtois dans ses protestations auprès du quatrième arbitre (même s’il a déjà été exclu deux fois cette saison, bon…).
Souriant et affable en conf’ de presse, maniant l’humour avec les journalistes italiens qu’il connaît bien, il s’est métamorphosé en glissant dans la peau d’un Mister Nice guy parvenu au top du top des clubs italiens.
Accessoirement, Thiago Motta a renforcé en Serie A le clan très distingué des coachs en costard (avec S. Inzaghi à l’Inter ou Raffaele Palladino à la Fiorentina), contre les tenants du look casual décontracte (Gasperini à l’Atalanta, Baroni à la Lazio). Avec Thiago Motta à la Juve, le classicisme ne se démode jamais.
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