Auteur d’une belle épopée en Ligue des champions, le Stade brestois comble de joie ses supporters. Mais un point noir vient gâcher la fête dans cette campagne européenne : la pénurie du maillot C1 du club finistérien. À l’approche de Noël, la gronde des supporters ne cesse de s’amplifier.

Thomas MORLEC

Après une saison exceptionnelle l’année dernière (3e de la Ligue 1), le Stade brestois s’est octroyé le droit de disputer la plus prestigieuse compétition pour un club : la Ligue des champions. Un rêve éveillé pour les supporters de Ty-Zefs. Opposé à des équipes prestigieuses – Barcelone, Real Madrid, Leverkusen, PSV entre autres – les fans, déjà contraints de se déplacer à Guingamp pour voir leur équipe évoluer, n’avaient qu’une envie : porter fièrement les couleurs brestoises lors de cette épopée. Problème, près de quatre mois après le début de la C1, une majeure partie d’entre eux ne parvient pas à se procurer la tunique portée par les joueurs lors des rencontres européennes. 

SALZBURG,AUSTRIA,01.OCT.24 - SOCCER - UEFA Champions League, Red Bull Salzburg vs Stade Brestois 29. Image shows the rejoicing of Mahdi Camara (Brest). Photo: GEPA pictures/ Mathias Mandl - ATTENTION - --   - Photo by Icon Sport

« Cela fait 4 mois que l’on se bat pour ce fameux maillot, je me rends régulièrement à la boutique et à chaque fois, il n‘y en a pas ou alors du XXL. C’est une honte, de l’amateurisme, peste Rozenn, supportrice du club qui habite pourtant à côté du stade Francis Le-Blé et donc proche du commerce. Pour vérifier les stocks, je jette toujours un coup d’œil en passant en voiture, car le rayon des maillots est à l’entrée. L‘exaspération est telle que certains vont directement à l’usine qui fait les flocages (près de Quimper) pour l’avoir plus rapidement…Malgré tout, je ne désespère pas d’en trouver un pour mon fils et moi qui sommes des supporters depuis plus de 15 ans du club. »

La mère de famille est loin d’être la seule habitante de Brest à chercher désespérément cette tenue historique. Si bien qu’une solidarité s’est créée entre fans sur Discord grâce à un forum proposé par le podcast Brest On Air : « Avec les autres supporters, on se tient informé sur le channel ‘’Stocks maillots’’, pose Anthony, fraîchement abonné au Stade brestoi. J’en suis un peu devenu la coqueluche parce que depuis mi-septembre, je passe quasiment tous les soirs à la boutique officielle après le boulot, toujours sans succès…C’est devenu un running gag avec les autres membres. Quand il y a des réapprovisionnements, tout part en 15 minutes. J’espère l’avoir avant la fin de la saison... » 

« C’est une situation extrêmement frustrante » 

Sorti le 12 septembre, ce beau maillot rouge à bande blanche a fait fureur dès le premier jour avec 1 000 ventes. Une forte demande qui a directement mis le club breton en difficulté : « Nous n’avions pas d’année de référence pour anticiper les commandes. On savait que la demande allait être forte, mais elle a été extrêmement forte ! Nous avons fait en sorte d’anticiper mais nous avons été vite débordés », reconnaît Yohann Guyader, le responsable merchandising du SB29. C’est d’ailleurs la seule fois que la tunique a été disponible sur le site internet du club, ce qui a forcément déçu un grand nombre de supporters des Ty-Zefs n’habitant pas dans le Finistère : « J’ai fait toutes mes études sur Brest mais actuellement toutes mes connaissances ont quitté la ville donc impossible pour moi de me procurer le maillot… On ne peut pas le commander sur le site du club, et même chez d’autres enseignes il est introuvable, souffle Charlotte. C’est assez pénible, je me demande comment c’est possible de ne pas avoir anticipé que tous les supporters brestois allaient avoir envie de ce maillot. C’est quand même un moment historique, que ne se reproduira peut-être plus de notre vivant… Tant pis, je n’aurai pas de maillot LDC. » 

Certains vont directement à l’usine qui fait les flocages pour l’avoir plus rapidement !

Une supportrice

Kévin, fan du club de la cité du Ponant, a lui eu plus de chance lors du match face à Leverkusen.  « J’ai réussi à en choper à Roudourou (le stade où évoluent les Ty-Zefs en Ligue des champions, à Guingamp, NDLR) dans une petite boutique du club accolé au stade, mais sans le patch Ligue des champions. J’ai dû le rajouter le lendemain à la boutique officielle, rejoue ce supporter qui habite en Touraine. J’ai eu le Graal et je m’estime heureux, mais si j’étais pas monté à Brest pour la rencontre, je n’en aurais pas eu, pointe l’homme bercé par Brest depuis l’époque de Bruno Grougi, Steeve Elana et Nolan Roux. C’est une situation extrêmement frustrante pour ceux qui, comme moi, habitent loin. On nous dit que le club fait tous les efforts, et on voit des maillots sur tous les employés Le Saint alors que nous, bah niet. »

Une amélioration à venir ? 

Forcément, les photos postées par les partenaires du club finistérien avec des salariés arborant fièrement le maillot tant convoité sur les réseaux sociaux font grincer des dents. À ce jour, plus de  9 000 maillots de Ligue des champions ont été vendus et 3 500 pour la tunique Ligue 1. Le club assure que c’est déjà bien supérieur aux chiffres de l’année dernière (9 500 ventes). Outre l’assaut des supporters pour ce produit phare, le club a tenté, à sa manière, d’expliquer ses problématiques :  « Il faut savoir que ce maillot devait être validé par les instances de l’UEFA et tant qu’on n’avait pas leur retour en fin d’été, on ne pouvait pas lancer la production. » Preuve de son succès, des faux maillots de Brest commencent à apparaître sur les plates-formes « Vinted » et « Leboncoin » tandis que Sodifal, entreprise de sérigraphie et de broderie qui assure le marquage de toutes les tenues du Stade brestois, a commencé à protéger ses stocks avec « avec alarme et caméras de surveillance » dans son site de production. 

SALZBURG,AUSTRIA,01.OCT.24 - SOCCER - UEFA Champions League, Red Bull Salzburg vs Stade Brestois 29. Image shows Abdallah Sima (Brest). Photo: GEPA pictures/ Mathias Mandl - ATTENTION - FRANCE OUT   - Photo by Icon Sport

À l’approche des fêtes de fin d’année, des queues se forment devant la boutique brestoise. Selon plusieurs supporters contactés, celle-ci se vide à vue d’œil et les articles partent à une vitesse folle. Mais encore une fois, le club tente de se montrer rassurant : « Nous sommes également passés de 4 à 7 salariés pour répondre à la demande, que ce soit à la boutique officielle, dans les chalets à Francis-Le Blé ou au Roudourou… D’ici Noël, 3 000 maillots vont encore arriver et remplir les rayons (avec tout l’éventail de tailles). Notre mission est de s’assurer que chaque supporter puisse avoir son maillot au pied du sapin. » Pour éviter le naufrage, il faudra que ces engagements soient tenus. 

Thomas MORLEC

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