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Comment le Challenger d’Adidas a révolutionné le sportswear
En 1984, Adidas révolutionnait le game du sportswear avec ce survêtement.
En 1984, le survêtement Challenger d’Adidas a été une révolution dans l’univers du sportswear. C’est lui qui a permis, notamment, de sortir le ‘survêt’ des terrains de sport.
Le partenariat entre l’équipe de France et Adidas a duré de 1972 à 2010. 38 ans de collaboration, qui ont donné lieu à de sacrés bangers, et pas seulement au niveau des maillots. En effet, dès les années 70, Adidas commence à produire des équipements de sport pour l’équipe de France, en particulier des sweats d’entraînement et des vestes zippées.
La première de ces vestes qui va marquer les esprits est « l’ATP », modèle porté par les Bleus lors du Mondial 78. Une veste bleu ciel à manches bleu foncé, ornée d’un énorme coq brodé et de la fleur Adidas. Lui succèdera le « First », sorti en 1980, bleu ciel à bandes horizontales bleu foncé, qui sera porté jusqu’à la Coupe du monde 1982. Mais ce n’est rien à côté du coup marketing phénoménal que prépare Adidas pour l’Euro 1984 à la maison. Un coup qui allait faire passer la marque allemande dans une autre dimension.
Dès la fin de l’année 1983, en plein âge d’or du sportswear, Adidas déboule avec un nouvel ensemble de sport, veste et jogging, baptisé « Challenger ». La révolution est avant tout une révolution de matière : contrairement à 100% des survêtements de sport alors présents sur le marché, le Challenger n’est pas en acrylique mais en ‘peau de pêche’. La peau de pêche, c’est un mélange de polyester et de coton, très doux, à mi-chemin entre le velours ou le daim. Sur ses publicités de l’époque, Adidas vendait son Challenger de la manière suivante : « C’est la tenue de prestige officielle du Onze de France, le « survêt » qui part favori dans la grande aventure du sport et des loisirs ; tout en velours, beau comme le daim, souple et ultra-doux, tonique et confortable, taillé pour le bien-être de tous… »
Produit en France par l’usine Ventex, le Challenger est alors disponible en sept coloris, mais le modèle qui va marquer les esprits est évidemment celui porté et donc mis en lumière par l’équipe de France : bleu marine, blanc sur les flancs, une rayure rouge façon brassard sur la manches, les bandes tricolores, et évidemment le coq brodé sur la poitrine.
Un modèle quasiment parfait, qui va habiller les Bleus tout au long d’un Euro 84 qui se terminera de manière triomphale avec la victoire de la bande à Platini. Un coup de projecteur idéal pour que le Challenger devienne rapidement LA tenue à adopter, notamment chez de nombreux clubs de football. Certaines équipes pro brandées Adidas se permettent même de personnaliser leur Challenger : les joueurs du Matra adoptent ainsi une version noire, grise et bleue aujourd’hui prisée des collectionneurs.
Mais la véritable révolution va s’opérer dans la rue. En effet, le Challenger va rapidement devenir un incontournable du style dès le milieu des années 80. Pourtant, le prix du survêtement était très élevé pour l’époque, il coûtait quelque 600 francs.
« C’était hors de prix et pourtant, tout le monde voulait en avoir un » assure Bruno Durand, collectionneur de maillots et de tous types d’objets liés à l’Equipe de France, qui avait 16 ans en 1984. « Celui qui voulait avoir la classe avenue de Saint-Ouen, entre la porte de Saint-Ouen et la place de Clichy, il pouvait déambuler avec un Challenger, et là je te promets que même les voitures s’arrêtaient ».
Dans la rue, on le porte ainsi en total look, par dessus un pull col cheminé et avec des Stan Smith aux pieds, ou alors en ne gardant que la veste, que l’on associe avec un Levis 501.
Le Challenger a grandement contribué à rendre le survêtement populaire au-delà des enceintes sportives. Au collège, au lycée, en boîte de nuit, celui qui le portait avait autant la cote que la classe. À son insu, le Challenger a ainsi servi de lien entre les cités et les zones rurales, ainsi qu’entre l’industrie de la mode et le monde du sportswear, créant parfois une connexion inattendue.
Visionnaire qui s’ignore, le Challenger a ouvert la voie aux grandes tendances vestimentaires et musicales qui vont avec, tout en libérant le survêtement des confins du vestiaire de sport.
En 1986, pour le Mondial mexicain, Adidas va sortir un nouveau modèle, le Laser, sorte de petit frère du Challenger, qui ne rencontrera toutefois jamais le même succès. Le succès du Challenger perdurera pendant de nombreuses années à venir, avant d’être ringardisé dans les années 90 par l’avènement des survêtements Kappa et Nike.
Il fera son retour en grâce dans les années 2000, lorsque les anciens ados des années 80, devenus adultes, ont à nouveau eu envie de se lover dans ce réconfortant coton peau de pêche.